Voyage en side car à travers
l'Europe et la Russie
Portraits et voyages de passionnés
Voici l’histoire d’un couple d’amoureux, drôle et motivé, souhaitant repousser leurs limites par un voyage en side-car à travers l’Europe et un bout de la Russie. Une aventure pour une durée de 3 à 4 mois (suivant les imprévus ou les envies), avec un départ le 9 juillet 2017.
Voici le profil de ces deux aventuriers: CAPUCINE à 33 ans et est graphiste et photographe culinaire. Jeff à 34 ans et est développeur web, ils sont tous les deux indépendants.
D’où vous vient cette envie de road trip ?
CAPUCINE: À l’époque de notre rencontre, Jeff s’apprêtait à partir pour un tour d’Europe à vélo de 6 mois avec 2 copains. Le voir partir 6 mois alors qu’on venait de se rencontrer ne m’enchantait guère. Mais (par chance pour moi) ce projet est tombé à l’eau avant le départ. Pour contrer le mauvais sort et combler son envie de voyage, Jeff a décidé que ce tour d’Europe se ferait plus tard, avec moi et en moto (sa grande passion). Je n’ai pas compris tout de suite qu’il était sérieux. Je ne me souviens plus du moment où j’ai dit « oui, faisons-le » mais c’est clairement là que ma vie a basculé…
Quelle moto avez-vous choisie pour ce voyage ? Pourquoi ?
JEFF: J’ai rencontré la mère de Spoutnik (du russe спутник signifiant « compagnon de route » ou « satellite », c’est le petit nom de notre Ural, qui est à l’origine le nom d’un satellite Russe) dans un parking souterrain alors que je roulais à l’époque en Motoguzzi Griso.
Ce fut le coup de foudre pour la marque Ural. Une moto adaptée aux pires conditions et qui adore les grandes virées. Spoutnik est une Sportsman, “flat twin” de 745cc à injection électronique. C’est une deux roues motrices (roue de la moto crabotable sur la roue du side-car). Elle est de 2017. On a ajouté un jerrican de 10L d’essence pour les longs trajets. A l’arrière du side se trouve une roue de secours pour les éventuelles crevaisons.
Comment vous êtes-vous préparés pour apprivoiser cet engin ?
JEFF: J’ai suivi une formation d’une journée auprès de Sarah, responsable du magasin Classic Bike Esprit à St Rémy de Provence. Les exercices s’apparentaient à ce que l’on fait au plateau lors d’une formation au permis moto, slalom, freinage d’urgence… J’avoue que conduire un side sans formation est possible mais totalement déconseillé et dangereux. Ça n’a rien à voir avec une moto classique. En plus des exercices cités plus haut, Sarah m’a appris à soulever le panier afin de mieux appréhender la machine. La règle d’or sur un side-car, c’est toujours avoir les deux mains sur le guidon.
CAPUCINE: je n’ai pas de permis moto, je ne pourrai donc pas conduire le side-car. Ma seule habilitation consiste donc à m’asseoir dans le side ou derrière Jeff. Çà va, on est pas mal. J’ai dû éventuellement apprendre à garder mon sang froid quand le side se soulève dans les virages.
Comment avez-vous planifier votre parcours ?
CAPUCINE: nous voulions faire un beau voyage sans pour autant partir 1 an sur les routes. Nous avons décidé de partir sur une période raisonnable de 3/4 mois. Donc il a fallu faire un choix dans les pays à traverser. Mais je pense que nous aurons un bon panel de contrées différentes : les pays nordiques, un bout de la Russie, les pays baltiques, pas mal de pays de l’est et le retour par l’Italie. Nous n’allons traverser que des pays de l’espace Schengen, hormis la Russie, donc les démarches sont grandement simplifiées. On est encore en train de regarder les lieux à visiter en priorité, les règles de chaque pays en matière de camping, les monnaies, l’obtention (compliquée) du visa russe. Pour ma part, j’aimerais ramener des infos et photographies des pâtisseries traditionnelles de chaque pays pour mon travail, donc le choix des villes se fera parfois aussi en fonction de ça. J’ai quelques adresses déjà à visiter mais une bonne partie se fera sur place, au gré du hasard.
Quel choix de pays et villes avez-vous fait ?
JEFF: Nous avons commencé par tracer les grandes lignes (via google map) histoire de voir le nombre de kilomètres à parcourir. Puis nous allons affiner notre trajet au fur et à mesure de notre voyage. L’objectif de départ était de passer par la Russie et plus précisément par St Petersbourg pour que Spoutnik puisse revoir sa famille (« c’est une grande sentimentale mais elle en a dans l’cardan »), puis de faire une grande boucle Européenne. Je vois tellement de gens partir à l’autre bout du globe alors qu’il y a tellement à faire, à voir et à rencontrer dans notre belle Europe. Pour les renseignements, il suffit de faire un tour sur le site: http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/conseils-aux-voyageurs/conseils-par-pays/
Y a t-il des contraintes spécifiques pour voyager dans certains pays ?
Une mine d’informations avec des mises à jours régulières publiées par le gouvernement. C’est le site à consulter avant de partir. Concernant la Russie, ce fut un peu casse tête et cher mais nous devrions recevoir nos visa d’ici quelques jours. Il a fallu donner un programme très détaillé jour par jour de ce que nous allons (potentiellement) faire. Pour obtenir un visa Russe, il est également essentiel d’obtenir un « Voucher »… Un site excellent décrit étape par étape les formalités à remplir pour l’obtention d’un visa Russe
Quelle est la part d’aventure et de « planning » dans votre voyage en side-car?
JEFF: Le planning reste assez vague. J’ai peur qu’à trop vouloir organiser, la magie de l’aventure s’évapore. Pour ma part l’endroit prioritaire c’est la Russie mais je suis impatient de voir tous les autres.
CAPUCINE: nous partons 3/4 mois sur notre side-car avec notre tente, quelques vêtements et un peu de matos. Nous avons établi les grandes lignes du trajet mais nous nous sommes laissé pas mal de marche de manœuvre pour laisser la place à l’improvisation. Le choix des lieux se fera en fonction de nos envies sur le moment, les possibilités, la fatigue, les surprises, les rencontres… La seule vraie chose planifiée sera notre passage en Russie avec la demande de visa qui implique de donner des dates d’arrivée et de départ. Notre seule vraie obligation c’est d’arriver à la frontière russe le 20 août et de la quitter 6 jours plus tard. Pour le reste nous sommes libres car en terres européennes.
Comme expliqué précédemment, mes endroits prioritaires à visiter seront les pâtisseries et les fameux cafés, afin de glaner le plus d’informations possibles sur les pâtisseries européennes.
Comment vous organisez-vous pour dormir et au niveau sécurité ?
JEFF: Pour tout ce qui est couchage, nous avons une super tente, des supers matelas et des supers sacs de couchages ;). De temps en temps un petit airbnb ou auberge ou encore un hôtel.
CAPUCINE: on va essayer de faire économique en dormant le plus possible en camping et bivouac. Quand la fatigue sera là, nous irons en auberges de jeunesse ou même parfois dans des hôtels. Concernant la sécurité, voici ce qu’on a prévu : alarme sur la moto, cadenas U pour bloquer une roue, blocage du guidon, coffre fermé à clé et un shocker électrique en cas d’agression. A ce niveau de sécurité, je ne vois pas bien ce qui peut nous arriver… #lapoisse
Comment avez-vous préparé votre sac ?
CAPUCINE: Un exercice super difficile car la place sur le side-car, quoique conséquente, reste limitée ! Le maître-mot c’est « prendre l’essentiel ». Nous avons un petit coffre de 70 L environ pour les outils et autres bidons d’huile pour la moto, 2 grands sacs à dos étanches accrochés sur le porte-bagage pour les affaires personnelles, les vêtements et la pharmacie, et 2 sacoches étanches accrochées sur les côtés de la moto pour le matériel de camping et la nourriture.
Quoi prendre et comment prioriser les affaires essentielles ?
On prévoit de prendre 50% de vêtements chauds et 50% de vêtements d’été. Nous allons voir différents paysages, aussi bien dans des pays du sud comme l’Italie que des pays bien nordiques comme la Suède, alors nous avons décidé de parer à la pluie, au froid, à la chaleur, au vent, mais aussi aux protections de motards pour le temps passé dans le side-car (casques, gants, pantalons de pluie, veste à protection dorsale pour le conducteur).
Quels types d’équipements avez-vous acheté ?
JEFF: La liste est un peu longue mais nous avions besoin de matériels solides et performants.
Pour le téléphone, j’ai choisi un Crosscall Trekker x3 qui a déjà fait ses preuves en tombant de la moto sur la route à 90km/h. Quelques égratignures…c’est tout. Pour la tente, il nous fallait un peu d’espace et quelque chose de robuste. Afin de cuisiner, nous avons un petit réchaud à alcool (surtout pas à gaz car les bouteilles ne se trouvent par forcément aussi facilement qu’une bouteille d’alcool à brûler). Pour les intempéries, comme je suis au première loge sur la moto, j’ai acheté une combinaison complète contre la pluie.
Etes-vous bricoleur ? avez-vous une formation de mécanique à minima ? Comment envisager vous cela si vous avez un souci ?
JEFF: Lorsque l’on a reçu la moto, il a fallu la monter et la régler. Cela a pris deux jours et j’ai bu les paroles du mécanicien de Classic Bike Esprit, Neil. J’ai également beaucoup participé. Évidemment ça ne fait pas de moi un mécanicien mais j’ai quand même pu voir que la Ural reste une moto très rustique avec très peu d’électronique. J’ai également le livret complet de la moto qui en plus de la décrire contient une centaine de pages sur la maintenance de la moto avec en plus des photos très détaillées. En cas de gros soucis, on utilisera la trousse de secours fourni par Ural qui contient, accrochez-vous bien: des bonbons à la menthe, une boîte de sardine et…une bouteille de Vodka…voilà
CAPUCINE: j’avoue tout, je ne serai là qu’en assistante pour changer les roues et tenir les outils. La mécanique ce n’est vraiment pas mon truc… par contre, l’organisation c’est mon dada. A deux, on va bien se compléter en cas de coup dur !
Avec quels outils partez-vous pour bricoler au besoin la moto ?
JEFF: La Ural est vendu avec une trousse à outil assez complète pour faire les réparations de base. J’ai également un super Leatherman (une sorte de couteau suisse mais en plus costaud). Pour ce qui est de la vidange (tout les 5000km), j’ai acheté les huiles qu’il fallait et je m’en occuperai. J’ai également une chambre à air, un filtre à huile, des bougies. Si vraiment nous rencontrons une grosse panne il faudra improviser.
Comment qualifiez-vous ce voyage en 3 mots ?
JEFF: Rencontre, balade-cheveux-aux-vent, Vodka
CAPUCINE: apprentissage, dépassement, inconnu.
Nous avons reçu les dernières nouvelles de Jeff et Capucine le 13 août, ils étaient en Russie… après être passés par Francfort, Berlin, l’île de Mandø au Danemark, Copenhague, l’île de Dyrön en Suède, Stockholm et la Finlande. En attendant le bilan de leur épopée, voici quelques images de ces premières découvertes.
Source: madmotorcycles.fr