Le monde à moto libre et libéré !
Portrait : Lea Rieck
Si vous avez une passion, si vous voulez vraiment faire quelque chose,
vous trouverez un moyen d’y parvenir… Faites de vos doutes une force
Lasse de sa routine quotidienne, Lea Rieck s’était mise en tête de trouver un nouveau boulot, mais cette idée résonnait dans sa tête comme une litanie.Alors qu’elle arpentait les allées d’un supermarché dans sa ville natale de Munich, elle eut une véritable révélation : « Je cherchais de la viande en conserve quand soudain je fus envahie par cette image. Il fallait que je parcoure le monde en moto, et il fallait que je le fasse sans attendre, avant d’être à nouveau envahie par le doute. »
Deux ans plus tôt, elle s’était attaquée à l’Europe et avait réalisé un pèlerinage un peu hâtif et, après réflexion, un peu absurde, pour aller retrouver des amis à Istanbul. Son positivisme avait fait d’elle une motarde expérimentée, dans son esprit tout du moins. En réalité, elle avait passé son permis deux mois auparavant et elle n’avait qu’une expérience très limitée de la route. Elle a aujourd’hui quitté son boulot et se trouve soit au Pakistan soit en Inde, en route pour l’Asie du Sud-Est, à mi-chemin de ce tour du monde dont l’idée lui était venue un beau jour dans ce supermarché munichois.
Inspirée par Rhys Lawrey, la plus jeune aventurière de l’histoire à avoir fait un tour du monde, ambassadrice de la marque Triumph, Lea – qui du haut de ses 29 ans a déjà un peu de bouteille – en est déjà au troisième mois de son tour du monde sur une Tiger 800.
Adieu Munich
Arpenter l’Europe de l’Est est un régal. On peut traverser trois pays en une journée, aucun risque de s’ennuyer.
Alors que je fendais les somptueux paysages du parc national de Durmitor, et le canyon de la Tara au Monténégro, surnommé le Grand canyon de l’Europe, mes doutes n’étaient déjà plus qu’un lointain souvenir. Difficile d’imaginer des paysages naturels plus majestueux et enchanteurs.
La proximité avec la nature a toujours été importante pour moi. Telle était la raison d’être de ce voyage et rien de tel qu’un voyage en moto pour en profiter au maximum. Les routes en lacets y sont incroyables. Une telle expérience a de quoi vous faire passer à tout jamais le goût de la conduite en ville, si ce n’est pour faire réparer sa moto.
Des larmes en réserve
La Turquie a été une expérience intéressante. J’avais vécu à Istanbul en 2011, mais alors que je m’apprêtais à y retourner, j’ai appris qu’un attentat à la bombe venait de s’y produire. J’ai donc changé de cap et renoncé à revoir mes vieux amis.
J’ai traversé la Cappadoce, une région très touristique et vraiment charmante, mais qui ne correspondait pas à mes aspirations. Le centre de la Turquie me réservait cependant de merveilleuses surprises, avec ses longues routes en pleine nature, alternant entre montagnes de verdure et étendues rocailleuses et sauvages.
Tbilissi, en Géorgie, est une ville surprenante, riche en art et en culture et les habitants sont ravis de voir des touristes venus découvrir leur ville. J’y ai trouvé un esprit de liberté qui m’a conquis, car c’est la raison pour laquelle je fais ce voyage. Je parcours le monde pour découvrir de nouvelles choses et de nouvelles cultures, et non pour me trouver moi-même.
C’est intéressant d’être une femme sur une moto d’aventure, car c’est quelque chose que l’on voit rarement dans de nombreux pays. Cela suscite l’intérêt, la curiosité et finalement le respect chez les gens, qui reconnaissent le parcours accompli.
Quand j’ôte mon casque, les gens sont vraiment surpris. Après leur surprise initiale, ils s’empressent de me demander si tout va bien. Cela a joué en ma faveur quelques fois en Russie, quand j’ai été arrêtée par la police. Au premier abord, les policiers sont déstabilisés lorsqu’ils voient une femme, ils me font attendre et ne savent pas trop quoi faire de moi, et ils finissent par me laisser partir.
J’ai toujours pensé que je devrais pleurer à un moment ou à un autre – cela ne m’arrive quasiment pas – mais pour l’instant, je n’ai pas eu à le faire. Je garde cette tactique en réserve, au cas où.
L’échec rend plus fort
En route pour la traversée de la Tchétchénie, de la Russie et du Kazakhstan jusqu’à la mer Caspienne, jusqu’aux steppes et au désert dans une chaleur étouffante de 40°, les lignes droites interminables d’un ennui absolu, pas de station essence, la sueur constante et les paysages vides et inanimés. Mes doutes revenaient me tarauder.
En Russie, j’ai dû faire du hors-piste alors que je n’avais que des pneus de route et au bout d’environ 12 km sur une piste sablonneuse, je suis tombée avec Cleo, ma tête a heurté le sol et je suis restée à terre pendant 20 minutes jusqu’à ce qu’une voiture s’arrête pour me venir en aide. Je suis restée au lit pendant une journée entière, tant j’avais honte de cet accident inutile.
Le pare-brise était cassé, le guidon tordu, je m’étais cogné la tête, j’étais seule et ma détermination en avait pris un coup. Mais l’esprit humain est très résistant et les échecs rendent plus fort. Je suis remontée sur ma moto et au bout de cinq minutes, je savais que tout allait pour le mieux.
Un autre doute venait de voler en éclat.
Le tigre dans la boue
Je vais me contredire ici, mais bien que le Kazakhstan et l’Ouzbékistan ne soient pas folichons du point de vue d’un motard, les villes, les mosquées et les expéditions dans le désert étaient épatantes. Ces pays ne sont pas très hospitaliers pour nous les motards, car à certaines époques de l’année, il est impossible de trouver de l’essence. À un moment, je suis presque tombée en panne sèche.
Quand je suis arrivée au Tadjikistan, j’ai été émerveillée. J’étais sur l’autoroute du Pamir, la principale route qui traverse les montagnes séparant l’Afghanistan, l’Ouzbékistan, le Tadjikistan et le Kirghizstan, et j’ai découvert des paysages à couper le souffle.
Revêtue ou non, parfois goudronnée, couverte de gravas ou de boue, cette route se destine aux motards expérimentés… Pas de place aux doutes… Je poursuivis ma route en admirant les montagnes aux pics enneigés, les cieux immenses et les cols chargés d’adrénaline et je finis par tomber sur un groupe d’Américains et de Britanniques qui participaient à une visite organisée et me prirent sous leur aile.
Ils se dirigeaient vers la capitale Douchanbé et m’ont aidée à traverser les étendues boueuses. Quand enfin nous avons retrouvé une route de graviers, ma Tiger 800 reprit du poil de la bête. Jamais elle ne démérite, son moteur est puissant mais doux comme la soie, jamais je ne souffre car il n’y a aucune vibration, même sur les surfaces les plus accidentées. C’est vraiment la moto de voyage idéale. L’asphalte est son terrain de prédilection, mais elle est incroyablement polyvalente et peut faire face à tous les défis.
L’autoroute du Pamir était superbe et spectaculaire, mais mon souvenir le plus poignant de cette région, je le dois aux habitants, incroyablement accueillants malgré leur pauvreté.
Quand j’ai fini par atteindre le Kirghizstan, à l’issue de la première partie de mon périple, j’ai dû laver Cleo car les gens commençaient à me faire des réflexions sur son degré de salissure. J’ai pourtant le sentiment que si elle avait pu parler, elle m’aurait dit à quel point elle se plaisait ainsi vêtue.
Et maintenant?
L’essentiel, c’est que s’il y a une graine dans une idée et que vous laissez le choix du «si» , vous le regretterez pour toujours et vous demanderez un jour: " Et si j’avais fait ce voyage ? "
Source : fortheride
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